Vit et travaille à Nice
Céline Fantino élabore des films dans lesquels le son bénéficie d’une attention toute particulière, en ce que lors de la réalisation il est totalement dissocié de l’image. L’artiste jamais n’effectue de prise sonore directe mais travaille parallèlement à la prise de vue à partir d’une banque de sons. Ce faisant c’est une fiction sonore qui vient se superposer à une fiction visuelle afin de donner naissance à une œuvre finale qui, de par ce mode de composition, constitue presque une troisième voie.
Son travail interpelle également en ce que nul scénario n’est écrit à l’avance. Si un cadre de départ est fixé, la construction procède pour beaucoup de l’expérience elle-même et d’une inclinaison à accepter l’intervention du hasard ; une manière non pas de dénier la présence d’un contenu narratif mais tout du moins d’en limiter drastiquement la portée.
Or de déroulé narratif manifestement il n’y a pas dans ses réalisations, qui toujours installent des atmosphères singulières qui parfois flirtent avec la science-fiction, dans lesquelles le décalage manifeste entre le vu et l’entendu génère une sorte d’étrangeté de l’image en même temps qu’elle ouvre pour le spectateur un boulevard interprétatif, en ce que la déviation perceptive imposée finalement met en doute l’image et ses évidences.
C’est notamment le cas dans Future notes (Future War), où s’installe une confusion temporelle portée par le décalage entre une scène de nettoyage dans la rue couverte par le bruit d’un feu d’artifice. Le regard semble alors presque hésiter entre deux espace-temps. F. B.
(capture de Future Notes (Future War), vidéo, 2013)