Né en 1991.
Il vit et travaille à Nice.
Pénétrer dans l’œuvre de Quentin Euverte c’est accepter de se faire absorber par un univers sombre et singulier, où l’obscurité n’est pas le reflet d’une condition du monde mais trahit plutôt une ambivalence constitutive qui permet de réexaminer catégories établies et stéréotypes datés. Autant de préoccupations essentielles que « l’obscurité » permet d’ausculter en maximisant les effets d’une poussée fictionnelle qui se dresse sur les prémices d’une réalité exacerbée.
Car c’est bien le sel de ce travail, que de nous confronter à des ingrédients parfaitement reconnaissables et perceptibles, des objets communs pour ne pas dire banals, mais que l’artiste tire vers des développements fictionnels en les désamorçant, en les privant le plus souvent de la charge utile ou symbolique qui normalement les qualifie ou les accompagne.
Ainsi cette moto qui à force d’avoir été soumise à l’action de la meuleuse se trouve réduite à une peau étrange, légère, un rien anguleuse et presque menaçante, qui a perdu de sa virilité comme pour mieux reconsidérer la prééminence du genre (Dekobaiku). Ou ces ustensiles de cuisine électriques posés sur une table lumineuse, qui une fois mis en circuit ralentissent, comme si était soudainement contrarié le cours de leurs pulsions (Zonbi).
Entre illusion et désillusion, fascination et répulsion, la machine, toujours versées vers le « low tech », s’impose tel l’instrument de ce qui pourrait apparaître comme un cinéma en train de se faire, tentant de reconsidérer des ingrédients bien réels que sont le genre et les rapports de pouvoir. F. B.
Teaser, 2014