Il vit et travaille à Nice.
Entrer dans l’univers de Paul Le Bras équivaut à se laisser guider parmi des rebus de la science, des objets déclassés ou devenus inutiles parce qu’obsolètes ou hors d’âge. Mais avec l’ingéniosité qui est la sienne, l’artiste ne se cherche pas vraiment à leur redonner vie mais plutôt à en exploiter le potentiel contenu dans leur mémoire, dans ces zones lointaines appartenant à la science ou à d’autres domaines et qui portent en elles une dimension poétique qui n’attend plus que d’être travaillée, activée.
C’est dans une « bibliothèque » de matériaux et de savoirs que l’artiste vient piocher les éléments constitutifs de ses sculptures qui fréquemment intègrent une dimension machinique qui elle-même induit une relation avec son entourage, en ce que la valeur d’usage qui souvent s’en détache captive l’attention.
Ses machines complexes sont mises en marche par l’interaction de rebus a priori antagonistes, tel un scanner placé sous un pneu de formule 1 qui génère une banque d’images traitée par ordinateur avec pour finalité d’élaborer un « road trip » infini allant du soleil levant au soleil couchant, et répondant au titre de The Endless Summer. Ou bien un simple cadre en bois qui en retenant une bâche transparente remplie d’une certaine quantité d’eau fabrique une loupe géante (Sleeping Lens).
Notable est ici en effet que le réemploi des matériaux ne gomme pas la valeur d’usage et que la sculpture développe sa propre utilité à travers un aspect fonctionnel et pratique, tout en recréant à chaque fois, de par les alliages dont elle est faite, une réalité particulière. F. B.
(vue de l’accrochage de dnsep – atelier du patio, Villa Arson, 2014)