Née en 1963.
Vit et travaille à Nice et à Londres.
C’est entre utopie et dystopie que Sharon Jones convoque d’étranges architectures de carton, à la fois intrigantes et ludiques, mais également perturbantes.
Car sous leur aspect presque enfantin et heureux, qui n’est pas sans évoquer les aires de jeux autant que les jouets éducatifs du pédagogue allemand Friedrich Fröbel (1782-1852), les modules en carton aux couleurs vives assemblés par l’artiste trahissent une certaine inquiétude latente, liée à un aspect par trop lisse voire aseptisé pour ne pas provoquer quelque inquiétude quant à la nature même de l’évocation architecturale qui est donnée à voir.
Nourrie par la science-fiction, et en particulier les récits de J.G. Ballard pointant les effets psychologiques de l’architecture moderne sur les êtres humains, Sharon Jones inscrit ses curieuses constructions dans un territoire des plus incertain. Car si d’un côté l’aspect ludique déjà pointé se double d’une évocation de l’architecture à la fois rationnelle et utopique, pensée notamment sous les régimes communistes, d’un autre l’aspect lisse et policé de ces ensembles ne manque de rappeler une architecture imaginée en vue de s’assurer un contrôle des populations, en particulier car fréquemment y est dénié l’angle droit au profit de la ligne courbe.
L’usage du carton fait montre d’ambiguïté également, qui derrière l’adjonction de vinyles flashy ne masque pas sa fragile nature de rebus d’une société qui renvoie à un monde dominé par la consommation et ses incessants excès. F. B.
Modèles réduits, 2014
Carton, bois, acrylique, vinyle, flocage
Dimensions variables