Margaux Fontaine

Une scène, des leds clignotantes, une structure hexagonale parade, pergola suspendue dans la pénombre. Accroché par un chapiteau de sangles, la marquise danse la sarabande au dessus du pavé. Tout semble nous faire penser que quelque­chose va se passer, s’est passé.

Plumes de paons, meneuses de revue associés aux volutes de fer d’un carrousel, Las Vegas ou Disneyland ? Des guirlandes lumineuses délimitent un espace allant de la guinguette à l’Ultimate Fighting. Devanture de théâtre ou de cinéma de Broadway décontextualisée, sans titre, sans date, sans façade pour la supporter, devient le pilier central d’un spectacle sans corps.
La scène couverte d’encre de taille douce ne sèchera jamais au point d’être impraticable. Présentée vide, surplombée d’images bavardes, elle est encerclée par les cordes d’un ring, aux quatre coins duquel des piliers souffleurs affichent leurs partitions de danse. L’objet hybride rassemble des signes significatifs issus de milieux spectaculaires différents, propre à l’imaginaire collectif, réinventant chacun d’eux dans une tension commune.
L’accumulation d’affiches, sans dates ni lieux, ne nous informent pas plus sur la catégorie de l’évènement.

Immersion dans un spectacle en chantier ou les fils de la construction restent visibles (sangles, scotch, fils électriques), entre récupération d’objets préfabriqués retravaillés et « fait main », contre la préciosité d’une pièce finie, figée. La structure démontable laisse présager de possibles mutations pour un spectacle toujours en mouvement, ré­adaptable à de nouveaux lieux, à de nouvelles circonstances.

La volonté de convoquer les différentes strates culturelles du spectacle, du forain au théâtre contemporain, s’annule par la force évocatrice de l’imagerie populaire. Ces univers distincts ainsi imbriqués deviennent ici les agents d’une possible fiction, hors du temps. Il s’agit de recomposer une identité, de fabriquer des images par agencements de mondes, de développer une œuvre polymorphe mettant en scène une déconstruction des codes entre le scénique et le sculptural. M. F.